Madame/Monsieur
Les représentants élus des personnels enseignants, siégeant au conseil d'administration des lycées Condorcet, Courbet et Follereau, se sont réunis pour débattre de la réforme du lycée, et plus particulièrement afin de prendre connaissance de la carte des formations dans le Territoire de Belfort.
Il apparaît clairement des déséquilibres dans les propositions de l’État : un élève belfortain aura moins de choix qu'un Montbéliardais, et encore moins qu'un Bisontin. Par ailleurs, ses choix entraîneront plus fréquemment une mobilité entre les différents lycées. Enfin, il sera davantage incité à s'inscrire dans l'enseignement privé, ou à suivre des cours à distance, puisque des options ne seront pas proposées dans les lycées publics, comme le latin ou l'EPS.
Ainsi, nous dénonçons :
- Le fait d’imposer aux élèves, notamment en seconde, des choix d’enseignement qui vont déterminer leur avenir, alors qu’ils n’ont pas encore la maturité, ni les informations nécessaires pour choisir en conscience. La communication ministérielle laisse penser que chaque élève aura la liberté d’associer les enseignements de spécialités qu’il souhaite Or, il est prévisible que les contraintes d’organisation matérielle ne le lui permettent pas. Les élèves seront-ils tous égaux devant cette prétendue liberté de choix ?
- La nouvelle carte des formations, en mutualisant les enseignements et en mêlant de surcroît l’offre publique et privée, voire celle de l’enseignement à distance, aura les conséquences suivantes :
Le parcours d’orientation des élèves sera déterminé davantage par leur lieu de résidence que par leurs aspirations.
Les établissements seront mis en concurrence sur les offres de spécialités et d’options, ce qui renforcera les inégalités entre eux.
Certains enseignants seront amenés à intervenir dans des enseignements qui ne correspondent pas à leur formation initiale et pour lesquels ils n’auront pas reçu la formation requise (ex : enseignements numériques…).
Les postes des enseignants, leurs services et leur emploi du temps dépendront davantage des choix de formation des élèves. Ce qui fait craindre une ambiance délétère au sein même de chaque établissement et développe la compétition entre collègues
Ce système acte la fin de l’ambition de démocratisation scolaire. Ce n’est plus à l’École et à l’enseignement supérieur de faire réussir tous les élèves et étudiants indépendamment de leur milieu d’origine, mais ce sera aux individus de choisir l’orientation qui correspond à leurs aptitudes, figées en classe de seconde.
En conclusion, nous pensons que le but premier de cette réforme n’est pas tant l’intérêt des élèves qu’un objectif comptable de suppression de postes. Nous demandons un moratoire sur une réforme précipitée, tenue dans des délais déraisonnables.
Nous tiendrons une Assemblée générale le jeudi 10 janvier à 18h à la Maison du Peuple, pour laquelle nous souhaitons convier parents, enseignants, élus, et tout citoyen intéressé par le sort de notre École.
Vous êtes donc naturellement invité(e) pour cette assemblée, et nous serions heureux de compter sur votre présence.
Soyez assuré(e), Monsieur/Madame ….. , de notre attachement pour le service public de l'enseignement.
Les représentants du personnel enseignant des lycées Courbet, Condorcet et Follereau