Un spectacle du GRRRANIT Scène Nationale. Sur la thématique du harcèlement, de l’amitié, la pièce de théâtre célèbre l’adolescence avec rudesse, montrant la cruauté des rapports de pouvoir entre adolescents. La pièce d’Elise Wilk s’inspire des Bacchantes d’Euripide, et présente ici le dieu grec Dionysos comme un adolescent cherchant à repousser les limites, et qui fait l’objet de fascination par ses pairs.
LE RÉSUMÉ DU SPECTACLE
Le Proviseur est le coryphée, et la femme de ménage, le prophète Tirésias, qui a repris,conformément à la mythologie, l’apparence d’une femme, tandis que les lycéens sont les ménades (nom grec des Bacchantes). Les adoratrices de Dionysos, lesBacchantes, sont les camarades de classe de l’élève rebelle, elles cherchent désespérément sa présence. Les garçons sont séduits dans une égale mesure par le non-conformisme de Denis. Denis est un adolescent à problèmes, qui a fait l’objet d’un transfert disciplinaire suite à des actes répréhensibles, devenus mythiques pour ses nouveaux camarades et contribuant à augmenter sa popularité. Il va s’imposer comme leader par son autorité et son charisme. L’intrus mystérieux et fascinant, l’adolescent maléfique et audacieux va profiter des vulnérabilités de chacun des personnages, celles dePenthée et d’Agavé, comme de celle du Proviseur, ou de ses camarades. Irradiant un charme magnétique, Denis va changer les hiérarchies, lancer de nouveaux codes au sein de l’établissement, devenir le préféré des filles, exercer un pouvoir d’influence plus important que celui du délégué de classe. Denis est le seul à se révolter, il rejette la pression des parents qui se « sacrifient » pour lui, il a le courage d’affronter le Proviseur dont la pédagogie s’appuie sur des méthodes désuètes. Mais, être plus beau garçon, avoir toutes les filles à ses pieds, être le plus audacieux ne le contente pas. Il en veut toujours plus pour consolider son exceptionnalité. Il cherche la reconnaissance de tous.Penthée est le bon garçon, sage, travailleur, porteur de convictions nobles. Toutefois, il est fragilisé par les relations d’une famille en dissolution. Sa mère, Agavé, est en pleine crise de la quarantaine. Négligée par un mari infidèle, elle incarne la femme faussement fière d’elle, en lutte perpétuelle avec son âge, qui vit dans la solitude, le déni et l’autosuffisance. Une solitude qui la détruit et détruit son fils. Adolescent pervers et quasi-inconscient, Denis se sert de la crise que traverse Agavé, en lui amplifiant l’illusion d’être toujours attirante. La vie du proviseur est elle-même un simulacre : il s’auto-glorifie en permanence mais ne supporte plus le mensonge dans lequel il s’enlise. Il est en proie à des cauchemars où il se jette sous un camion et a des visions d’animaux sauvages, métaphore de la jungle urbaine.